Henriette Jacquier de Rosée

Dame d’honneur de la reine de Pologne à Lunéville

 

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Appartenant à une richissime famille de maîtres de forges de la région de Namur, anoblie lors de la guerre de succession d’Espagne en 1705, illustre représentante de la noblesse flamande, industrieuse et entreprenante.

Fille de Jacques Gabriel, maître de Forges comme ses ancêtres depuis au moins le XVIéme siècle, seigneur du ban d’Anthée, Goschénée, Jusaine et Passelée, fait baron le 16 janvier 1726 par l’empereur Charles VI, et de Marie Isabelle de Wignacourt Lannoy.

 

Jacques Gabriel de Jacquier, baron de Rosée et Marie Isabelle de Wignacourt

 

Elle épousa en 1732 René-François de Castéja : elle avait plus de vingt ans. Laissons parler son fils : C’était une belle et jolie femme, faite à peindre jusqu’à plus de cinquante ans, beaucoup plus d’amabilité et d’esprit que de jugement et de conduite. Elle avait été dame d’honneur de la Reine de Pologne è Lunéville.

C’est en effet sur la recommandation du grand aumonier Zaluski, son parent, que madame de Castéja fut nommée dame du palais de Catherine Opalinska (Gazette de Hollande, 1737, n·54; de Lunéville, 20 juin).

 

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Catherine Opalinska (1682-1747)

épouse de Stanislas Leszcynski, ri de Pologne et duc de Lorraine,

mère de Marie Leszcynska, reine de France

 

 

Séparée du René-François, elle fut la maitresse du comte de Montbarrey de 1748 à 1750, date de décès du comte ; le prince de Montbarrey, ministre de la guerre, qui lui gardait rancune d’avoir fait échouer un projet de mariage le concernant, a écrit dans ses mémoires : Mon père, qui avait été fait lieutenant général dans la promotion de janvier 1748, vint commander dans le comté de Namur, sous les ordres particuliers du maréchal de Lowendal ; et il se fixa à Namur même, dont le séjour lui devenait d’autant plus agréable, qu’outre la maison de madame la baronne de Rouveroit, sa cousine, chez laquelle je passais ma vie, il avait formé une liaison très intime avec une femme de bonne maison de ce pays, qui avait été mariée en France, et qui, étant séparée de son mari, s’était réfugiée dans un couvent de son pays natal. Cette liaison, qui devint de plus en plus intime, put procurer à mon père de très grands plaisirs, mais ils furent compensés par des chagrins véritables. La jalousie se mit entre cette dame et madame de Rouveroit, ma tante (…) La conclusion de la paix ayant fait cesser le séjour de mon père à  Namur, elle le suivit à Paris, où il la plaça au couvent du Val de Grâce, dans un appartement au dehors.

Veuve en 1774, elle connut au moins à partir de ce moment de perpétuelles difficultés matérielles : elle dut contracter dès 1774 un important emprunt qui finit par lui causer un procès qu’elle perdit en 1779 ; cette même année, Louis Anne Alexandre, responsable de ses revenus, lui fait cesser tout versement, à moins qu’elle ne signe un prêt simulé car il craignait une succession difficile ; enfin en 1786, avec la banqueroute de Guéménée, elle perdit le bénéfice de la rente qu’elle se constituait depuis 1783 sur cette maison. Dans sa situation elle ne reçut aide ni des Rosée ni de son fils aîné. A l’inverse, Stanislas Catherine lui constitua une rente annuelle de 900 livres à partir de 1779. Elle chérissait son deuxième fils Stanislas Catherine, pour lequel elle surmontait la douleur qu’elle avait aux yeux pour prendre la plume : le sentiment l’emporte sur la douleur quand je cause avec tout ce que je chéris uniquement et que j’embrasse de toutes mes forces. Elle n’avait pas la même affection pour son aîné, loin de là : le problème venait-il des procédés de celui-ci à son égard, ou n’était-ce qu’un facteur aggravant ?

Elle passa sa vieillesse entre l’hôtel de la rue du Cherche-midi et les châteaux d’Anthée et de Celle. C’est là qu’elle mourut, cher le comte de Liedekerke vers la fin de 1799.

 

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Château de la Forge, à Anthé, où est née Henriette en 1711

 

Note sur cette famille :

Les Jacquier, souche des barons de Rosée, sont originaires de Saint-Michel (duché de Bar, XVIème siècle) où ils portaient d’azur à une voile gonflée d’or, attachée à une antenne du même, au chef cousu de gueules chargées d’une étoile à cinq rais d’or accostée de deux soucis du même tigés et feuillés de sinople. Blason emprunté aux Blancourt à la suite d’une alliance.

Vers le milieu du XVIème siècle, les Jacquier se sont divisés en deux lignes : l’une restée à Saint-Michel et actuellement éteinte, y obtint du duc Henri de Lorraine, concession de noblesse au port de ce blason (1624). L’autre en Entre Sambre-et-Meuse où ses membres, maîtres de forges considérables, figurent parmi les pionniers de l’industrie sidérurgique belge.

Exploitant des forges à Eppe-Sauvage, puis à Rance et en de nombreux autres endroits de la contrée, ils firent l’acquisition des seigneuries de Pierrfontaine, Lompret, Chalon, Boutonville, Gochenée, Fontenelle, Gorenne, Gesves, Rosée, Virelles, Emptinne, Anthée, Fontaine et Flavion.

En 1684, soucieux d’établir leur origine et la position de leur famille comme leur droit à leur blason, les Jacquier de chez nous requirent et obtinrent du magistrat de Saint-Michel, sur témoignage de leur cousin resté sur place, une attestation de la noblesse et des armes de famille. En 1698, ces dernières ont été inscrites dans l’Armorial général de France d’Hozier, registre de Beaumont en Hainaut.

En 1705, la branche des seigneurs de Rosée obtient des patentes de noblesse du roi Philippe V, au port d’un blason tout nouveau : de sinople à deux lions d’argent, armés et lampassés de gueules, adossés et passés en sautoir, accompagné au point du chef d’une étoile à sis rais d’or. L’écu sommé d’une couronne comtale à treize perles, dont rois relevées et supportées par deux griffons d’or armés et langués de gueules, tandis que l’empereur Charles V anoblissait la branche aînée (1718) également établie entre Sambre-et-Meuse et lui concédait la chevalerie (1735) au port de ses anciennes armoiries. Cette branche, aujourd’hui éteinte, et dite des Jacquier de Lompret, ne se fit point reconnaitre dans la noblesse officielle du royaume.

Jacques-Gabriel de Jacquier, seigneur de Rosée, Fontaine, ban d’Anthée, reçut en 1726 le titre de baron et l’autorisation d’appliquer ce titre sur la terre de son choix aux Pays-Bas.

Ses descendants se sont illustrés comme hommes de guerre et industriels, ainsi que par leurs belles alliances.