Stanislas
Catherine de Biaudos de Castéja
Colonel
propriétaire du Royal-Comtois en 1773
Stanislas-Catherine était
le fils de René François, marquis de Castéja, chevalier de Saint-Louis,
gentilhomme de la Chambre du Roi de Pologne, gouverneur de Marienbourg, et de
Jeanne Henriette, née de Jacquier de Rosée, dame d’honneur et de compagnie de
la duchesse du Maine [Anne
Louise de Bourbon, petite fille du Grand Condé] [1],
qui avait ainsi passé une grande partie de sa vie à la cour de Sceaux en
conservant une assez belle pension et le
beau et spirituel langage du grand siècle [2].
Il naquit le 30 janvier 1738 au château d’Anthée (canton de Namur) et fut tenu sur les fonds baptismaux
par l’ancien roi de Pologne Stanislas Leczinski, alors duc de Lorraine, et sa
femme Catherine. Si, au dire de son frère, ce bon prince l’avait doué de son
courage héroïque et surtout de sa bonté et de son humanité naturelle et
touchante, ces qualités constituèrent son seul héritage : fils
cadet d’un gentilhomme de la chambre du
roi de Pologne Stanislas Leczinski, René-François, 2ème marquis de Castéja, le
chevalier de Castéja n’était point fortuné [3].
Cela s’arrangea néanmoins assez vite puisqu’à 13 ans il était désigné héritier
universel du comte Marie-Ferdinand de Berlo de Frandouair, d’une puissante
famille de la noblesse belge, qui s’était pris d’affection pour le jeune
adolescent. C’est de son bienfaiteur, mort en 1763, qu’il reçut le fief de
Vaux, seul bien foncier qu’il aura jamais puisqu’il renoncera à sa part de
l’héritage paternel peu intéressante et vraisemblablement criblée de dettes.
Château d’Anthée
Il entra dans
l’armée à 16 ans, choisissant l’infanterie, moins prestigieuse que la cavalerie
dans laquelle servait son frère aîné mais aux grades moins onéreux. Très
apprécié de ses supérieurs, il fit une très belle carrière au régiment de Drapeau colonel et drapeau d’ordonnance
du Royal Comtois Pendant ce même hiver [1779], mon
colonel et cousin, Monsieur de Castéja, qui logeait comme moi chez sa mère,
s'arrangeait un mariage fort beau pour la fortune et le nom, mais voilà tout :
ma future cousine était laide, petite et bossue, mais par contre belle de
caractère, grande de pensée et droite de sentiments ; c'était une demoiselle
Doria [5] Le 10
janvier 1779 à Versailles, le roi et la famille royale donnent leur agrément
pour son mariage avec Marie-Elisabeth-Françoise Desfriches-Doria, riche
héritière de nobles picards, petite fille par son père du marquis Doria et par
sa mère du comte de Watteville, gouverneur de Ham, marié à une demoiselle de
Collemont. C’est le 16 janvier, chez l’époux, rue du Cherche Midi, que le contrat est signé en
présence des témoins et de la famille. La mariée apporte à son mari plusieurs
seigneuries parmi lesquelles Framerville, Rainecourt, Herleville et Belleuse.
La célébration religieuse aura lieu le 3 février suivant à Cayeux-en-Santerre. Elisabeth Desfriches-Doria Une quinzaine de jours après, nous
partîmes de Paris. J’accompagnais, comme garçon de noce, mon cousin le colonel
comte de Castéja et son ami monsieur le comte de Lanoue, qui était alors colonel
en second de notre régiment Royal Comtois. (…)
Peu de jours après note arrivée à Paris,
furent célébrés, par un bon mariage dans l’église de Cayeux, les
engagements pris et signés dans la capitale et quelques jours après la mariée
fut installée dans son château de Framerville où il lui fut fait, par les
habitants de l’endroit, une fort belle réception avec tout l’abandon et la
franchise que l’on connaît aux Picards [6]. Ainsi la
résidence ordinaire du couple devient le château de Framerville, demeure
agréable et richement meublée, aujourd’hui disparue, [7]
construite à la fin du XVIIème siècle par l’arrière grand père Collemont. Le couple
mène une vie traditionnelle de nobles fortunés de province : carrière
militaire, gestion des biens du couple, chasse et lecture pour le comte,
travaux d’aiguilles pour la comtesse, visites de courtoisie et réceptions. Biaudos – Desfriches
Doria En 1779,
le chevalier de Castéja prend titre de comte, son frère aîné Louis Anne
Alexandre succédant à son père comme marquis de Castéja. Le 1er
mars 1780 cet excellent officier en tous points est promu brigadier
d’infanterie et le 1er janvier 1783 il
est promu maréchal des camps. Le 1er avril 1788 il est
nommé inspecteur divisionnaire de la 1ère division d’Alsace. Brevet de brigadier, signer par le
ministre Montbarrey, dont le père était l’amant de sa mère Il fut élu député suppléant de la noblesse
du bailliage de Péronne aux Etats généraux le 25 avril 1789, mais ne fut pas amené à y siéger. Il fut chargé
de la vérification des comptes des régiments le 12 août 1790. En novembre 1790, le comité militaire de l'Assemblée
souhaita le faire nommer ministre de la Guerre, mais La Fayette lui préféra du Portail. Il fut employé dans la 16e division
militaire en avril 1791, refusa en juillet de prêter le nouveau serment, donna sa démission
qui fut acceptée le 13 août 1791. En octobre 1791 il émigre, quittant Bien
qu’ayant quitté l’armée des Princes avant sa dissolution, le comte de Castéja
ne peut pas revenir en France comme l’enjoignent les décrets de 1791 et 1792.
Il est en effet gravement malade et s’est installé au château de Veves à Celles
[8],
chez Hilarion de Liedekerke Beaufort [9]
où il meurt le 10 mai 1792. Avant de mourir il avait fait une déclaration
précisant que ses biens français [10]
étaient propres à sa femme. Cette déclaration fut suffisante, rendant inutile
le divorce de circonstance envisagé, solution utilisée par bien des émigrés désireux
de sauver leurs biens. Château de Vêves à Celles, où mourut
Stanislas Catherine Marie
Elisabeth fut emprisonnée de novembre 1793 à juillet Le comte
et la comtesse de Castéja laissaient deux fils : André, qui fut préfet
sous Stanislas
Catherine Stanislas Catherine est
l’auteur de cette lettre célèbre, adressée à Gracchus Babeuf [11],
considérée comme le déclencheur de sa haine envers
l'aristocratie. À
Framerville, 7 septembre 1787. Si manger avec les gens de mon office, Monsieur, ne vous
convient pas, et que vous ne trouviez pas à vous nourrir ailleurs dans le
village, il ne faut penser
à aucun arrangement entre vous et moi. Non que je dédaignasse de manger avec
vous à la même table ; telle bêtise n'a jamais dégradé mon esprit, ni souillé
mon coeur, mais ma femme et moi voulons être libres. J'ai souvent mangé avec
mon dernier domestique et autre. L'homme le plus honnête est celui que
j'estime le plus, sans demander quelle est la naissance ; la peinture que
vous faîtes de mes premiers domestiques qui vous valent bien, sous tous les rapports, est le délire de l'orgueil le
plus complet que je connaisse. Ils sont gens d'honneur et de bon sens,
ils l'ont prouvé depuis longues années à mon service et ailleurs et votre
manière de vous expliquer sur leur compte est injuste, déplacée et
insolente. [... ] Vous êtes jeune, Monsieur, et ce qui vous égare peut être la source d'un bien : changez
l'orgueil ridicule qui vous étouffe en amour propre bien dirigé et vous
deviendrez aussi louable que vous êtes actuellement petit et risible.
Je vais partir ce soir ; si vous ne comptez pas prendre ou le
parti de vivre dans
le village sans me gêner ou de manger chez moi comme votre prédécesseur, ne vous donnez pas la peine de revenir. J'ai l'honneur d'être,
Monsieur, votre très humble serviteur. CASTÉJA Sources : Thèse d’Odile Dormard Archives Biaudos Dictionnaire des officiers généraux de l'armée royale 1763-1792 de Gilbert Bodinier Dictionnaire historique et
biographique des généraux français de Courcelles (tome second)[son article dans
lequel il est dit qu’il fut tué aux Tuileries, a été corrigé dans le tome
quatrième ainsi « il émigra en 1791, et mourut le 10 mai 1793 à Maestricht) Histoire de France, depuis la
fin du règne de Louis XVI jusqu'à l'année 1825 de
Guillaume Lallement, page 10 : M. le comte de Castéja, officier de fortune,
dont l'avancement militaire avait été provoqué par le refus général des gens de
la cour, qui avaient dédaigné d'accepter l'emploi de colonel du régiment de
Royal Comtois, infanterie, dont tous les officiers avaient été licenciés. M. de
Castéja reprit son nom de famille et ne signa plus que Stanislas Biaudos. Il
refusa, dans les derniers temps, le ministère de la guerre que l'infortuné
Louis XVI lui offrit. Ce fut lui qui conduisit à Hesdin la compagnie de
chasseurs de Bourbon, celle de Diesbach suisse, et cinquante cuirassiers
commandés par M. d'Artaudt, pris dans les trios régiments composant la garnison
d'Arras. Ces détachements avaient pour but de d'apaiser l'insurrection que le
jeune M. Davout, depuis maréchal, prince d'Eckmuhl, sous-lieutenant au régiment
de Royal-Champagne, cavalerie. M. de Castéja émigra dans les premiers mois de
1792, se présenta à Coblents, où, en sa qualité de retardataire, il fut très
mal reçu. Cette preuve d'ingratitude, après les marques de dévouement qu'il
avait données à la cause royale, lui causa tant de chagrin qu'il quitta de
suite Coblentz, et se rendit à Maëstricht, où il se brûla la cervelle. Dictionnaire historique et
biographique des généraux français par Jean Baptiste Pierre
Courcelles, tome second, page 284 : Comte de Castéja, maréchal des
camp, naquit à Anthée, canton de Namur, le 30 janvier 1738. Il fut fait
lieutenant en second dans le régiment de Lowendal le 29 avril 1747, lieutenant
en premier le 20 mars 1748, capitaine en second, le 8 août 1754, et capitaine
en premier dans le régiment de la Marck le 20 juillet 1761. On le fit major du
Royal-suédois le 31 décembre 1766, major au régiment d'Alsace le 4 mars 1767 et
major du régiment du Borbonnais le 12 avril 1768. Il eut une commission de
lieutenant-colonel le 24 mars 1769 et fut créé chevalier de Saint-Louis le 4
décembre 1770. On le nomma colonel du régiment Royal-Comtois le 28 juillet 1773
et on le gratifia d'une pension annuelle de 2000 écus le 3 mars 1775. Il fut
promu au grade de brigadier d'infanterie le 1er mars 1780, à celui de maréchal
de camp le 1er janvier 1784, et fut tué au château des Tuileries, à la journée
du 10 août 1792 [cette dernière assertion est fausse. Il est bien mort en
1792 mais à Maestricht. C'est son cousin Pierre François Alexandre René qui a
été massacré aux Tuileries] L'arrondissement de Péronne par
Paul Decagny page 292 : La seigneurie de Framerville
passa ensuite au comte de Warteville et enfin à M. de Biaudos de Castéja, sur
qui de belles qualités fixèrent le choixx de la riche héritère d'Esfrigies
d'Oria. M. de Castéja était en effet un des militaires les plus distingués de
son temps : à l'âge de 24 ans [32 ans en fait] il avait déjà mérité, par
ses exploits, la décoration de Saint-Louis. Il avait obtenu le grade de général
et commandait la place d'Arras lorsque survinrent les jours de la Terreur qui
ne surent ébranler ni son courage ni sa fidélité.
Il fut nommé capitaine en pied le 20 juillet 1761 et major de Royal Suédois le 31 décembre 1766. Il était noté à l'époque :
excellent officier à tous égards, destiné à la lieutenance-colonelle. Il passa dans le régiment d'Alsace le 4 mars 1767,
le quitta le 29 février 1768 parce qu'il était excellent sujet mais son amour propre était humilié de ne pouvoir remplir
sa charge avec distinction. Il fut nommé major du Bourbonnais, le 11 août 1768, où le colonel l'avait demandé depuis le 14 décembre 1767.
Il obtint le rang de lieutenant -colonel le 24 mars 1769 et la croix de Saint-Louis le 12 novembre 1770.
Il fut choisi le 28 juillet 1773, pour être colonel-lieutenant de Royal Comtois pour remettre de l'ordre dans ce régiment, en raison
de sa réputation de fermeté et de ses talents. Il était alors noté : officier supérieur et excellent dans tous les points; Il paya
ce régiment trente mille livres. Mais, n'ayant pas le moyens de se soutenir à la tête de ce corps - il devait mille cinq cents livres d'intérêts sur
l'emprunt nécessaire à l'achat de son régiment, et il ne lui restait plus que trois mille livres d'apointements -, il reçut une gratification
annuelle de six mille livres. Il fut fait brigadier le 1er mars 1780 et maréchal de camp le 1er janvier 1784. Il quitta son régiment à la suite
de cette nomination, fut nommé insprcteur d'infanterie à la 1ère division d'Alsace le 1er avril 1788, et à nouveau en 1789.
[1] Elle avait épousé le duc du
Maine, fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Retirée à Sceaux,
la duchesse du Maine y tint pendant longtemps une cour brillante, rivale de
celle de Versailles, et qui était le rendez-vous des beaux esprits de l’époque
parmi lesquels Madame de Castéja.
[2] Mémoires du comte de
Liedekerke-Beaufort, cousin de Stanislas Catherine
[3] Notamment
parce que son père avait été déshérité par sa mère Bervoët au profit des enfants
de son fils cadet Alexandre, comme
ayant été avantagés lors de leurs mariage et pour cause de mauvaise conduite et
de dépenses excessives au profit des enfants de
son fils cadet Alexandre,
[4] En 1772, des
troubles éclatent au régiment Royal-Comtois, alors en garnison à l’île Maurice.
Le conseil de Guerre qui s’ensuivit en 1773 cassa trente cinq officiers et le
comte de Noé, son colonel, donna sa démission. Le comte de Castéja, alors
major, nommé colonel, put fournir la finance du régiment et devint donc le
colonel propriétaire.
[5] Mémoires du comte de
Liedekerke-Beaufort, cousin de Stanislas Catherine
[6] ibid
[7] Détruit lors de la 1ère guerre
mondiale, à l’exception de l’orangerie qui existe toujours
[8] Le château de Vêves, à Celles, monument
historique situé aux confins des Ardennes Belges, est un des joyaux de la
province de Namur. Il a toujours habité par les Sires de Beaufort, puis les
Comtes de Liedekerke Beaufort
[9] Baron de Celles, grand mayeur de
Maestricht, il est le fils de sa cousine germaine Marie Robertine de Beaufort
[10] Les biens belges furent perdus
[11] Révolutionnaire dont la doctrine
appelée Bavouvisme est précurseur du
communisme