André de Biaudos

Comte, puis marquis de Castéja




portrait

André de Biaudos Castéja.



Comte, puis marquis de Castéja en 1822, officier de la Légion d'Honneur, commandeur de l'Ordre impérial de Léopold d'Autriche,

Né à Framerville le 22 janvier 1780, mort à Paris le 11 mars 1828, maire de Framerville, entra sous le premier empire dans l'administration. Il fut sous l'Empire successivement auditeur de deuxième classe au Conseil d'Etat en 1810, inspecteur général des vivres de la guerre le 14 janvier 1811 puis sous-préfet à Boulogne du 7 avril 1813 (installé le 24 avril) jusqu'au mois de mars 1815. Au retour du Roi en 1814, il ne se rappela que les principes de son père. Il prononça à Boulogne, le 10 avril, un discours qui respire le royalisme le plus pur, où l'on remarquait ces mots adressés à Louis XVIII : Sage comme vos ancêtres, vous nous rendrez heureux comme l'ont été nos aïeux. Il fut commissaire du Roi pendant les cent jours, suivit le Roi à Gand, fut nommé, à sa rentrée, administrateur de la 16ème division militaire pour remplir en cette qualité les fonctions attribuées aux préfets (26 juin 1815) puis préfet provisoire du Pas-de-Calais (30 juin 1815). Remplacé par le baron Malouet, il devint préfet du Haut Rhin pendant l'occupation étrangère jusqu'en 1819, puis fut nommé successivement préfet de la Haute-Vienne le 19 janvier (installé le 25 mars) jusqu'en 1823, préfet de la Vienne jusqu'en 1828, préfet de la Meurthe par ordonnance du roi Charles 27 janvier 1828, mais décédé à Paris le 11 mars, avant d'avoir rejoint son poste.

Etant préfet de la Vienne, il fut élu député de la Haute-Vienne à la Chambre Septennale qui a commencé sa première session le 23 mars 1824. On a dit : La tribune a vu rarement M. de Castéja : il vote comme un préfet qui convoite la pairie.

Biographie des députés de chambre septennale de 1824 à 1830 et Dictionnaire des Parlementaires français de 1789 à 1889.




         

André enfant, en 1799(19 ans) et en 1813 (33 ans)

   

"Monsieur le comte de Castéja, alors inspecteur général dans les vivres, et depuis préfet,
par son éloquence persuasive triomphait presque toujours de ceux que la crainte tourmentait le plus"
(Mémoires sur la Cour de Napoléon et sur la Hollande de Athanase Garnier, page 228)

   

André, préfet du Haut Rhin 1815-1819 (à gauche) et de Haute Vienne (à droite) 1819-1823



Il a épousé par contrat du 30 juin 1802, Alexandrine-Françoise de Pons de Renepont, fille de Bernard-Alexandre-Elisabeth de Pons, marquis de Renepont, et de Catherine-Louise-Julie de Chestret.




   

Alexandrine de Pons-Renepont



La semaine dans le Boulonnais : article d'André Verley, juin 2011

  Il ne manquait pas d'ambition André de Biaudos, comte de Castéja, de souche méridionale mais il vit le jour dans un village de la Somme.
  Les événements allaient contrarier ses rêves. Etant données ses origines nobles, son coeur penchait vers la royauté mais la raison lui commanda de s'incliner devant le fait accompli. La mort dans l'âme, il se rallia à Napoléon et sut habilement tirer parti de son ralliement, à telle enseigne que l'Empereur en fit le second sous-préfet de Boulogne. Un poste dans lequel il se montra un fonctionnaire sérieux tout en appelant de ses voeux la restauration des Bourbons.
« Aussi, s'écria G. Delamotte, quand le trône impérial chancela, loin de le consolider, le sous-préfet de Boulogne rivalisant de zèle avec le baron de La Chaise, préfet du Pas-de-Calais, fit acclamer la fleur de lys par ses administrés boulonnais ».
  Le préfet s'était auparavant signalé par sa flagornerie en accueillant le Premier Consul en 1803 en parodiant la genèse quand il s'écria : « Dieu créa Bonaparte et se reposa ». Il y eut évidemment des plaisantins pour en faire un calembour en clamant : « Et pour qu'il fut à l'aise, Dieu créa aussi La Chaise ».
  Et à l'heure des prémices de l'agonie de Fontainableau, le sous-préfet de Boulogne, accompagné du baron d'Odre, ne perdit pas une seconde pour aller rejoindre Louis XVIII en exil à Hartwell. Il voulait être le premier Français à adresser au souverain le salut de la France et l'assurer de son loyalisme.
  Dans la cité mariale « foyer intense du bonapartisme, il sut si bien attiser la flamme légitimiste que l'accueil fait à Louis XVIII lors de son passage dépassa toutes les espérances ». Ce qui ne manqua pas d'être souligné par tous les gens de la cour et Chateaubriand écrivit à Pierre Hédouin : « A Boulogne vous étiez dignes de voir le roi avant nous ».
  Au sommet du beffroi, la municipalité s'empressa de remplacer le drapeau tricolore par le drapeau blanc.
  Cependant, « l'aigle que l'on croyait en cage à l'île d'Elbe, survola soudain Paris » et une nouvelle fois l'oriflamme à fleur de lys céda la place aux trois couleurs.
  Le comte de Casteja ne suivit pas la multitude de ceux qui, derechef, se prosternèrent aux pieds du vainqueur. Il suivit le roi pour un nouvel exil et donna tout son temps et son courage pour organiser la résistance en vue d'une seconde restauration.
  Il connaissait parfaitement tout le nord de la France. Il actionna tous ses contacts à Dunkerque, Calais, Boulogne et bien au-delà, fomenta partout insoumission et insubordination, et recruta une armée de volontaires pour entrer dans les armées royales quand le temps serai venu. Il vint cent jours plus tard quand Waterloo sonna le glas des ambitions bonapartistes.
  Le 29 juin 1815 le maréchal de Bourmont prenait possession du commandement militaire à Lille. A ses côtés se tenait le comte de Casteja qui, sans plus attendre fut nommé préfet du Pas-de-Calais. Il eut pour tâche de réorganiser la Garde Nationale et les corps de volontaires royaux. On le retrouva ensuite préfet du Haut Rhin mais il n'oublia jamais ses amis boulonnais. Dans une lettre adressée au baron de Coupigny en février 1816 il lui demandait d'user de son influence afin d'accorder une décoration au baron d'Odre et à Hédouin et il explique les raisons de son intervention.
  « De tous les officiers de la Garde Nationale de Boulogne, il n'en est aucun qui ait donné autant de témoignage au roi que M. Hédouin, avocat à Boulogne, capitaine de grenadiers... Pendant tout le temps de l'interrègne, il a constamment correspondu avec moi, transmettant dans le Boulonnais les ordres du roi... Quand les choses devinrent si périlleuses que l'exil et la tête auraient payé la moindre imprudence, Hédouin m'a fait parvenir les notes les plus intéressantes sur la situation du pays, notes que j'ai mises sous les yeux de S.A.R Monsieur. » Pour le baron d'Odre, l'exiguité de sa fortune n'a pas arrêté son zèle et il a emprunté l'argent nécessaire à l'achat d'un cheval et de son équipement pour voler à la défense du maître... Après avoir remis de l'ordre dans ses affaires il est venu nous rejoindre à Gand. Rentré en France avec le roi il reçut le commandement militaire de Boulogne et y fait installer en mon nom les autorités royales...
  Prudent le comte de Casteja ajoute : « Si vous ne pouvez faire avoir la croix à ces deux officiers, Hédouin mériterait la préférence par les dangers plus réels auxquels il s'est exposé ».
  Mais si l'ancien sous préfet se souvenait de ses amis qui avaient combattu avec lui, il savait aussi se montrer intraitable envers ceux du camp bonapartiste qui avaient tenté de faire échec aux menées royalistes. Sa cible principale fut l'inspecteur des forêts Sansot « qui a pris dans toutes les circonstances les mesures les plus vexatoires contre les personnes attachées au service du roi ».
  Et d'ajouter : « Il est probable que c'est par ses soins que Lucien Bonaparte, sa femme, son frère Jérôme ont été cachés pendant huit jours à sa campagne et à celle de M. Menneville, ancien maire et qu'ils sont parvenus à s'embarquer. Les renseignements que j'ai reçus sur cet individu me le représentent comme capable par son mauvais esprit, ses intrigues et son activité, de révolutionner l'arrondissement où il réside.
  Vous trouverez sans doute convenable de le remplacer sur le champ dans le commandement de sa légion, si toutefois ce remplacement n'est pas déjà opéré ».



Nous avons reçu d'intéressants détails relatifs à l'ouverture de l'école modèle établie à Colmar (.) L'inauguration de cette belle école a été faite le 3 mai, par M. le préfet lui-même, en présence d'une assemblée nombreuse, dans laquelle se trouvaient beaucoup de personnes qui avaient eu d'abord des préventions, et qui avaient fini par se rendre à l'évidence parce qu'elles étaient de bonne foi (.) Après ce discours, M. le comte de Castéja, préfet, magistrat de qui les nobles et sages principes ne sont pas une autorité moins respectable que celle de ses lumières, a voulu achever de détruire l'espérance des détracteurs, et de rassurer les amis de l'institution, en adressant lui-même à l'assemblée un discours qui a produit sur elle une vive impression, et dont nous citons avec empressement quelques passages : ? Je l'avouerai, dit l'orateur, fatigué d'innovations qui nous ont si peu réussi, ma prévention contre la nouvelle méthode était forte ; mais semblable à cet apôtre de foi difficile, j'ai vu et j'ai cru (.)



Septuple Acrostiche du comte Joseph de Joubert-Cissé, maire de Cissé (29 juillet 1823)




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Son éloge funèbre ici

Son épitaphe

CI-GIT, André de BIAUDOS, comte de CASTEJA,
Maitre des requêtes au Conseil d'Etat, Préfet du département de la Meurthe.
Commandeur de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur.
Commandeur de l'Ordre Imperial de Léopold d'Autriche.
Ancien député de la Haute Vienne.
Décédé a Paris le 11 mars 1828, a l'âge de 48 ans.
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A son Roi comme a Dieu dans tous les tems fidele.
Il n'usa du pouvoir que pour le faire aimer.
Dans les cours les plus froids le sien sut ranimer
Les publiques vertus dont il fut le modèle.
Sa voix calmait les craintes et chassait les douleurs.
Les partis étonnés s'embrassaient a sa vue.
Et sa vie a laisse pour ceux qui l'ont connue,
Un souvenir une fin son exemple et des pleurs.

G.O.(1)

Priez pour lui.




Sources :
- L'intermédiaire des Chercheurs et des Curieux 1927
- Annuaire du Pas de Calais de Auguste Parenty pages 55 et 75
- Dictionnaire universel de la noblesse de France de Saint-Allais







(1) G.0. est Georges Ozanneaux, dont il fut le mécène pendant son prefectorat a Colmar, qui fut professeur au lycee de cette ville, poete et ecrivain. Il existe un livre La vie a Colmar sous la Restauration, par Ozanneaux, maintenant introuvable, et qui ne tarie pas d'éloges a son propos.