Charles d'ANTIN

dit Monsieur de Saint-Pée




blason

Armoiries d'Henri d'Antin, seigneur de Saint-Pée et de Hon
-Armorial général de France-

de gueules à 3 lions d'argent, a demi-corps, posés 2&1,; écartelé d'argent à 3 tourteaux de gueules, posés 2&1; sur le tout d'or à une clé de sable, couronnée de même, posée en pal.



Charles d'Antin, seigneur de Saint-Pée et de Hon, fils de Raymond et Marthe de Borda, fut maintenu dans sa noblesse d'extraction le dernier avril 1668. Sa noblesse a été justifiée par titres depuis Dominique d'Antin, son bisaiëul, marié le 1er juin 1582 avec Marguerite de Cardaillac, fille naturelle du gouverneur du Havre.

Ce Dominique, écuyer, seigneur de Saint-Pée et de Hon, lieutenant du gouverneur de la ville et château Dax, perdit un procès contre Bertrand Duhàa, sieur du Rau et du Castaignet, sur la question de préséance et de droits honorifiques en l'église de Gamarde, procès jugé par arrêt du parlement de Bordeaux en date du 30 août 1611. Le sieur du Rau prétendait avoir droit d'aller à l'offertoire le premier après le baron de Gamarde, affirmant que le 3e rang appartenait au sieur de Labadie, et le 4e seulement au sieur de Saint-Pée. Il faisait valoir ses titres de noblesse, les privilèges de sa maison et de nombreux autres arguments et enfin, il contestait au sieur de Saint-Pée la légitimité du nom d'Antin, assurant qu'il était le fils naturel non reconnu de François d'Antin.Le sieur de Siant-Pée, de son côté, prétendait avoir été reconnu par son père et avoir par suite le droit de porter le nom et les armes de la maison d'Antin.

Raymond (fils de Dominique) prêta serment le 22 janvier 1619 en qualité de lieutenant du Roi au Gouvernement de Dax et de Saint-Sever, charge que les d'Antin se transmettront sur plusieurs générations.Il fut marié par contrat du 29 mai 1615 avec Marthe, fille d'Etienne de Borda et d'Anne d'Alrose.

Charles d'Antin,écuyer, seigneur de Hon et de Saint Pée, fils de Raymond auquel il succéda à la lieutenance pour le roi au gouvernement de Dax et Saint Sever par comission du 30 avril 1647, était l'époux de Marguerite de Biaudos (CM le 13 janvier 1651 -AD Bordeaux 74S3), fille de Jean II et Arnaude de Bédorède, et soeur entre autres de Jean (auteur de la branche Lorraine), de Louis, seigneur de Caule et de Fiacre, comte de Castéja. Il fut maintenu dans sa noblesse par jugement de M. d'Aillène, subdélégué de M. Pellov, le 30 avril 1668. Le mois suivant, il obtint du roi une pension de 2000 livres sur le trésor royal comme étant père de 15 enfants vivants -que Bertrand de Borda présenta à M. d'Aguessau, intendant à Bordeaux, le 12 avril 1671- [Bertrand de Borda était président et lieutenant général de la Sénéchaussée et siège présidial d'Acqs (Dax)]. On notera que le couple eut 23 enfants dont 15 seulement survécurent. Il avait pris part comme volontaire au siège de Fontarabie en 1638, et fut blessé à la gorge lors de la prise d'Arnavi.
Parmi ses enfants, signalons Jean-Paul de Saint-Pée, baptisé le 10 septembre 1662 en même temps que son frère jumeau Jean-Louis. Bachelier en théologie, il fut nommé chanoine de l'église cathédrale de Lescar le 31 août 1682, était en 1730 doyen du chapitre, vicaire général de ce diocèse et fondé de pouvoir de l'évêque.

Henri d'Antin, fils aîné de Charles, seigneur de Saint-Pée et de Hon, en Bigorre, est né le 20 septembre 1652 à Gamarde-les-Bains, dans les Landes. Chevalier de Saint-Louis, il fut garde du Corps du Roi puis lieutenant pour Sa Majesté au gouvernement des villes et châteaux de Dax et Saint-Sever en 1680 par la démission volontaire de son père. Il occupait encore cette charge en 1703 et pourrait être ce "M. de Castéja" qui reçut chez-lui le 11 janvier 1701 les princes ducs de Berri et de Bourgogne qui accompagnaient leur frère le duc d'Anjou, devenu Philippe V d'Espagne, se rendant dans son nouveau royaume. En effet un usage répandu dans le Sud-Ouest - et surtout au Pays Basque - consistait à rajouter à son nom celui de sa mère (ou de sa femme) et de s'intituler alors d'Antin de Castéja, et par déformation M. de Castéja. Henri épousa le 1er juillet 1681 Marguerite de Pémolier de Piton dont il eut plusieurs enfants, parmi lesquels Marie-Marguerite qui fut reçue à Saint-Cyr le 28 juin 1698, Bertrand qui fit la branche des marquis d'Antin, et Jean-Paul, qui suit.


blason
Armoiries de Bertrand d'Antin



Jean-Paul né le 10 mai 1689 à Dax et baptisé le 27 février 1698 en la cathédrale (acte 1689 page 368 et acte 1698 page 267), fut aide-major général de l'infanterie espagnole pour l'expédition de Majorque, colonel d'un régiment d'infanterie de son nom puis lieutenant du Roi des villes et châteaux de Dax et de Saint-Sever. En cette qualité, il donna une fête à l'occasion du rétablissement de la santé du Roi le 1er septembre 1726. En voici le récit :
Mr. de Saint-Pée ayant donné les ordres que toutes les compagnies bourgeoises prissent les armes, elles s'assemblèrent à huit heures du soir dans le grand cloître des Cordeliers.
Les troupes partirent en bon ordre de ce lieu ; et après avoir traversé la ville, elles allèrent se mettre en bataille sur la place d'armes, vis à vis le château.
M. de Saint-Pée sortit du château, accompagné de cinquante gentilshommes ou officiers qu'il avait invités à cette fête ; les troupes se mirent en marche et se rendirent sur la place de la Cathédrale où le feu de joie était préparé. Cette place est d'autant plus favorable à cette sorte de spectacle qu'elle est environnée de belles maisons, propres à contenir un grand nombre de spectateurs. Toutes les rues étaient illuminées dès les huit heures du soir et le furent jusqu'au jour ; il n'y eu point d'habitant qui n'essayat de se distinguer et de témoigner son zèle et sa joie dans une occasion aussi intéressante.
Les troupes s'étant mises en bataille autour de cette place, Messieurs les Maire et échevins, revêtus de toutes leurs marques de dignité, se joignirent à M. de Saint-Pée, qui avec sa compagnie faisait l'arrière garde des troupes, alluma le feu, au bruit des tambours, des fifres et des trompettes, si bien concerté avec le son des cloches, des violons et des hautbois, que personne ne put retenir ses applaudissements.
Les décharges successives de la mousqueterie sur la place où était le feu de joie furent répondus si à propos par l'artillerie, qui avait été placée avantageusement sur le bastion, à un bout du rempart, que tout cela jouant ensemble, produisit un effet dont tout le monde fut charmé.
Après que ce feu de joie eut duré un certain temps, M. de Saint-Pée marcha vers le château, avec le même cortège qui l'avait accompagné avec les acclamations continuelles du peuple. Cette nombreuse compagnie fut agréablement surprise, lorsqu'en arrivant à la portée du château, elle aperçut une illumination extraodinaire dans une allée d'ormeaux, qui sert d'entrée à la porte principale et qui va aboutir à la grande allée du rempart, de 150 toises de long et qui était également illuminée.
Cette agréable surprise augmenta infiniment, lorsque tous ces messieurs étant arrivés à l'entrée de cette première allée, y apperçurent leurs dames, aussi brillantes par l'éclat de leur beauté que par leurs parures, à la tête desquelles était Madame de Saint-Pée ; toutes formaient un cercle magnifique et très galant, qui sans exagération aurait passé pour beau dans quelque lieu que ce puisse être.
M. de Saint-Pée prévenu des dames les plus distinguées, un des ? donna la main à Madame de Saint-Pée, les autres en usèrent de même et toute cette charmante et nombreuse compagnie, avec l'usage de la joie et de la gaitée peinte sur le visage et dans les yeux, passa de cette première allée dans celle des Soupirs (c'est ainsi qu'on nomme ce lieu) où il parut une table de cent couverts, qui sans qu'on se fut appercu d'aucun mouvement se trouva servie dans le moment, avec toute la magnificence, le délice et le gout le plus exquis.
Les girandoles, les lustres et les lampions, étaient si artistement placés, dans l'intérieur et aux extrémités des arbres, qui formaient une ? de berceau au dessus de la table, que les conviés et les spectateurs furent agréablement surpris, que frappés d'admiration de la singularité ? de ce spectacle.
On dira en passant que la ville de Dax eu de tout temps quelque réputation, pour l'agrément de la société ; et l'on ajoutera, sans vouloir trop flatter ceux qui la composent qu'on y a de l'esprit , du gout, de la délicatesse et que les dames y sont très jolies et très agréables.
On fut placé à cette table avec un tel ordre que chaque cavalier se trouva à portée de servir sa dame. La symphonie qu'on entendit pendant le souper était placée à une distance assez favorable pour qu'on en eut l'agrément sans en être incommodé.
On commença par boire la santé du Roi ! C'est dans cette occasion ou chacun montra l'excès de sa joie et de son zèle ; les conviés d'un côté et le peuple spectateur de l'autre, faisaient retentir l'air de leurs acclamations et l'artillerie placée à une distance proportionnée y fut servie très à propos.
On but la santé de la Reine avec les mêmes acclamations, accompagnées de salves d'artillerie ; jamais il n'a paru plus de joie dans aucun repas, tout y contribuait, le calme et l'obscurité de cette belle nuit faisant bruler l'illumination d'une manière éclatante.
Après le repas, les danses furent conduites par les cavaliers dans une autre allée d'ormeaux garnie de fauteuils et également illuminée ; on avait plaçé des sentinelles pour contenir le peuple dans une distance raisonnable.
Le bal commença aux deux extrémités de cette allée ; M. de Saint-Pée avec une des dames, Madame de Saint-Pée avec un des cavaliers en firent l'ouverture ; après quoi il ne fut plus question de rang ni de cérémonies et chacune des dames choisit à son gré le cavalier avec qui elle voulut danser. Pendant le bal, les rafraichissements de toute espèce furent donnés avec tant de profusion que le peuple même en eut à discrétion.
On s'aperçut enfin avec regret que le jour commençait à paraître parceque c'était le signal auquel le bal devait finir ; la retraite des dames ne fut pas moins brillante qu'avait été le reste de la fête M. de Saint-Pée voulant finir comme il avait commençé, et secondé par tous les cavaliers, alla accompagner les dames chez elle en cet ordre.
Les tambours, les fifres et les trompettes marchaient à la tête, suivi d'un détachement choisi des compagnies bourgeoises qui escortaient six petites pièces d'artillerie ; après quoi les violons et les hautbois précédaient les dames qui dans leur retraite dansaient encore dans les places publiques aux acclamations du peuple ; et à mesure que chacune d'elles était conduite dans sa maison, on dansait aussi devant sa porte, en redoublant les cris de "Vive le Roi" et au bruit des six petites pièces d'artillerie dont on a parlé.
Toutes les dames ayant été ramenées en cet ordre, les messieurs accompagnèrent le commandant au château. Alors l'artillerie du bastion fit sa dernière salve et ce fut là le signal de la retraite générale. Enfin cette fête a été des plus magnifiques, des plus galantes et des mieux ? qu'on puisse donner dans une province.

Il mourut le 30 janvier 1757 à Dax et fut inhumé le lendemain en la cathédrale. Il avait épousé le 23 janvier 1719 en la chapelle des Pénitents bleus Marie-Françoise de Paissan (contrat du 30 mai 1718). Quatre enfants naquirent de cette union : Marguerite, Joseph, Elisabeth et une fille dont on ignore tout.

Joseph naquit le 16 décembre 1721 à Dax et fut baptisé le lendemain en la cathédrale. Son parrain était le marquis de Lacaze, premier président au parlement de Bordeaux et sa marraine Marguerite de Biaudos (Castéja d'Apremont). Voir acte Capitaine au Régiment de St-Pée du 1er janvier 1734 jusqu'au licenciement en 1737, il fut ensuite enseigne dans celui de Brissac le 18 avril 1740; capitaine dans celui d'Asfeld cavalerie le 1er août 1743; réformé le 12 avril 1749; lieutenant pour le Roi de Dax et St-Sever (en survivance de son père en considération des services qu'il avait rendus en divers emplois de guerre) et capitaine au Régiment des Cars-cavalerie dès 04/1751, remplacé le 24 juin 1757; capitaine réformé sans régiment le 30 mai 1760 (source : généalogie établie par Cyril Delmas-Marsalet du Centre Généalogique des Landes en 2016).
Son caractère altier, autoritaire, dominateur et son tempérament violent ne tardèrent pas à se manifester. Le Ministre de la Guerre eut souvent à sévir contre ses tendances parfois humiliantes pour ses subordonnés. Il fut en 1751, et pendant 6 ans, en procès avec la ville et cité d'Acqs (Dax) dont les habitants concluaient ainsi leur placet au Roi : Ce qu'il y a de certain est que les procédés du sieur de Saint-Pée ont fait depuis quelque temps de la ville de Dax un séjour que chacun déteste ; il érige un tribunal pour y décider toutes sortes de cas, et contre toute sorte de personne sans distinction et sans ménagement, ni pour les tribunaux, auxquels votre majesté en attribue la connaissance, ni pour le caractère des officiers qui els composent. Tout est de son ressort, il s'en glorifie ; chaque jour est marqué par quelque citation ou par quelque emprisonnement. Il fatigue tellement les magistrats municipaux par ses fréquentes citations et ses mauvais procédés à leur égard, qu'on ne trouve pas de gens qui veuillent l'être que malgré eux. La Compagnie du Présidial est prête à quitter la ville, chaque officier aime mieux perdre sa charge que de rester plus longtemps exposé aux entreprises du sieur de Saint-Pée. Et si Votre Majesté, Sire, n'est touchée de la situation des habitants de Dax, cette ville qui mérite d'être distinguée entre toutes celles du royaume par la fidélité inviolable envers ses rois, et qui par cette raison a obtenu d'eux ainsi que de votre majesté les plus beaux privilèges, deviendra dans peu une solitude que chacun fuira pour trouver dans les campagnes une paix etune tranquilité qu'il ne peut espérer dans la ville tandis que le sieur de Saint-Pé y commandera. La ville de Dax gagna son procès, et M. de Saint-Pée fut obligé de se renfermer dans ses attributions. Ce Joseph a formé un rameau qui était éteint au XIXe siècle.