Antoine Pecquet

Seigneur du marquisat de Paroy
Grand maître des Eaux et Forêts de Normandie en 1754
Chevalier de Saint-Louis
Commandeur de Saint-Lazare




portrait

Antoine Pecquet





Antoine Pecquet a sa place ici car il était un ami proche d'Anne de Biaudos, marquise de Prie, et fréquentait assidûment le salon de Mme de La Lande à Versailles.

Antoine Pecquet était le fils d'autre Antoine (1668-1728) et de Geneviève Cadart. Antoine père, secrétaire-audiencier de la chambre des comptes de Bretagne, et trésorier général des finances de cette province en 1713, occupa en même temps, depuis 1696 environ, les fonctions de premier commis du bureau des Affaires étrangères, y fut nommé secrétaire du Conseil, fut anobli par le feu roi en juillet 1715 et fut reçu secrétaire du Roi le 13 février 1717. Ses parents étaient Michel, marchand et bourgeois de Senlis, puis employé dans les fortifications de places du roi, et Madeleine Desvoyes.

Antoine Pecquet, qui naquit le 1er janvier 1700, fit ses humanités, rhétorique et philosophie dans un collège versaillais puis suivit une école de droit, sans doute à Paris. Devenu juriste consommé, en droit latin et en droit français, il fut d'abord employé, en 1723, dans les Bureaux du Secrétariat d'Etat aux Affaires étrangères où son père était premier Commis. En 1726, Pecquet père, se retira des affaires à 58 ans, affaibli par une attaque d'apoplexie ; son fils fut coopté pour lui succéder. Il s'agissait là d'un emploi de haute responsabilité, non transmissible à la manière d'un office, et dont le titulaire, doté d'un traitement, était révocable ad nutum.

Le jeune Pecquet fit ses premières armes dans un climat diplomatique sans doute passionnant, mais non dépourvu d'embûches telles que furent les affaires de succession de Pologne puis d'Autriche. Pecquet ne semble avoir eu aucune difficulté avec son chef direct, le secrétaire d'Etat Fleuriau de Morville ; moins encore quand celui-ci fut remplacé, en 1727, par Germain-Louis Chauvelin qui était un ami. En 1737, Chauvelin perdit la confiance du tout puissant cardinal Fleury et fut exilé en province. Pecquet s'entendit mal avec son successeur, Amelot de Challou. La sanction intervint brutalement ; en août 1740, Pecquet fut arrêté à Paroy, marquisat qu'il avait acquit en 1734, et conduit à Vincennes.

D'argenson écrivait dans son Journal, à la date du 1er octobre 1740 : « M. Pecquet, Premier Commis, vient d'être arrêté à sa terre de Paroy, près de Sens, comme il allait partir pour Fontainebleau, et dans le moment où il apprenait que son fils avait la petite vérole à Paris. Cette circonstance ajoute l'inhumanité à l'injustice. Duval est allé l'enlever et le mener à la Bastille. M. de Marville a mis les scellés sur ses papiers. On n'y comprend rien ... Tout d'une voix, on le connait trop homme d'honneur et de vertu pour avoir été capable de trahir l'Etat. Mais on l'accuse d'intelligence avec M. de Chauvelin. »

En septembre 1742 il vit sa peine convertie en exil dans son fief de Paroy. Après quelques années, Pecquet recouvrit une pleine liberté, à telle enseigne qu'il put acquérir en 1749 l'office de Grand Maître des Eaux et Forêts du département de Normandie, une des plus importantes maîtrises du Royaume, après celle de Paris, pour 510 000 livres, somme considérable, sans doute empruntée suivant l'usage pour la plus grande part. Il se plaça, dans cette situation,au premier rang des officiers forestiers de son temps en écrivant Lois forestières de France.

Mais quoique au fait de sa renommée, sa situation matérielle était minée. Ruiné par son fils, il fut dans l'obligation de réaliser ses actifs pour régler ses dettes. En 1752, il vendit Paroy. Au décès de sa femme, en 1756, il résilia son office dont il obtint 581 000 livres. Veuf, il termina sa carrière dans l'emploi modeste d'Intendant de l'Ecole militaire. Il mourut à Paris le 27 août 1762, laissant des dettes.

Outre ses Lois forestières Pecquet a beaucoup écrit et publié. Son Discours sur l'art de négocier (1737) fut le premier de ses ouvrages, mais il reste le seul qui soit consacré à la négociation. Parmi ses autres œuvres, on retient des Pensées diverses sur l'Homme (1738), un Discours sur l'emploi du loisir (1739), un Parallèle du cœur, de l'esprit et du bon sens (1740) et une Analyse raisonnée de l'Esprit des Lois de Montesquieu (1756).

C'est à Antoine Pecquet qu'est le plus souvent attribué Mémoires secrets pour servir à l'histoire de Perse satire anonyme des intrigues politiques et galantes de la cour de Louis XIV, publié à Amsterdam en 1745.



portrait

ex libris d'Antoine Pecquet




Source :
Article de Roger Blais dans Provins et sa région, janvier 1991
Annuaire de la noblesse de France d'Hauterive, Volume 61